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Libération
Un billet d'Elisa Lenglart--Leconte

Mais pourquoi ai-je un double tiret dans mon nom de famille ?

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Depuis 2005, certains noms de famille comme le mien (Lenglart--Leconte) sont composés de deux tirets, une touche d’originalité qui suscite des questions mais surtout d’innombrables erreurs de paperasses. Entre combat juridique et bourdes administratives, on revient sur la très courte histoire du --.
Ce double tiret a été abandonné dès 2011. (Isabelle Souriment/Hans Lucas. AFP)
par Elisa Lenglart--Leconte
publié le 25 janvier 2025 à 12h34

«C’est quoi votre nom de famille ?» «Lenglart, deux tirets, Leconte.» «Comment ça deux tirets ? Deux tirets à la suite ? C’est bizarre, ça vient d’où ?» Depuis des années, les questions fusent sur mon nom de famille. Ou plutôt sur mes deux tirets (Lenglart--Leconte). Il est temps de mettre fin au mystère. Suspense, rebondissements, fin larmoyante, aujourd’hui, je vous révèle d’où vient le double tiret.

Tout commence en 2002. Jusqu’alors les parents n’ont pas le choix : si le père reconnaît son enfant, celui-ci sera obligé de porter son nom. Disons-le franchement, c’est sexiste. Il est grand temps de corriger le tir. Une loi est écrite pour permettre aux parents de choisir le nom qu’ils veulent transmettre à leurs enfants. Elle rend alors possible le legs de celui du père, celui de la mère ou des deux, dans l’ordre que l’on veut. Ce dernier choix, on l’appelle le double nom. Il a une petite particularité : il est sécable. C’est-à-dire que je pourrai transmettre à mon enfant une partie de mon nom ou la totalité. Sauf qu’en France, il existe aussi des noms composés qui, eux, forment une entité qu’on ne peut pas séparer.

Pour le législateur, les choses sont claires, il faut différencier ces deux types de noms. S’ensuit une réflexion intense pour résoudre ce casse-tête pas si colossal. «A l’époque, ils avaient pensé à un slash, à un +, et même à une étoile», explique Caroline Bovar, autrice du livre le Nom des femmes : enquête sur ses usages et sa transmission.