A deux pas de la maison, un parc avec bar idoine qui sert de QG aux parents d’élèves de l’école du quartier. Ces derniers temps, on s’est surpris à tourner autour du pot à l’apéro, à traîner notre spleen avec les autres parents. Ça se passe bien dans la cour de récré en ce moment ? Vous savez si les enfants «en» parlent entre eux ? Quand on a essayé de les sonder au dîner, on avait la gorge un peu serrée. Comment expliquer à Pim, Pam et Poum le tumulte politique actuel ? Comment leur parler du carton de l’extrême droite aux européennes, se préparer à la possibilité de son arrivée au pouvoir à l’issue de ces législatives en embuscade ? Ça les inquiète autant que nous ? Pas simple de commencer l’histoire du soir par «il était une fois les années 30».
Les deux plus grands de Camille (1), mère de trois enfants de 5 à 10 ans, «ont réagi» dès le petit-déjeuner du 10 juin. «Ils n’avaient même pas eu le temps d’en parler dans la cour», rembobine la trentenaire. Son cadet, âgé de 8 ans, a demandé si son «pote, qui est noir», aurait «le droit de venir à l’école». Son aîné, 10 ans, qui «n’a jamais revendiqué le fait de ne pas être un garçon mais qui a émis le souhait de porter des robes, et qui est autorisé à le faire»,