Menu
Libération
Parentalité

«Ils doivent sentir notre angoisse» : comment expliquer la montée de l’extrême droite aux enfants

Article réservé aux abonnés
Elections législatives 2024dossier
En cette période électorale sens dessus dessous, les jeunes et très jeunes peuvent ressentir le stress de leurs parents et sentir le caractère inhabituel de la situation. Il faut alors répondre à leurs questions avec sérieux mais sans pour autant dramatiser.
Lors d'une manifestation antifasciste à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) le 16 juin. (Emmanuelle Pays /Hans Lucas / AFP)
par Maïté Darnault, correspondante à Lyon
publié le 24 juin 2024 à 9h40

A deux pas de la maison, un parc avec bar idoine qui sert de QG aux parents d’élèves de l’école du quartier. Ces derniers temps, on s’est surpris à tourner autour du pot à l’apéro, à traîner notre spleen avec les autres parents. Ça se passe bien dans la cour de récré en ce moment ? Vous savez si les enfants «en» parlent entre eux ? Quand on a essayé de les sonder au dîner, on avait la gorge un peu serrée. Comment expliquer à Pim, Pam et Poum le tumulte politique actuel ? Comment leur parler du carton de l’extrême droite aux européennes, se préparer à la possibilité de son arrivée au pouvoir à l’issue de ces législatives en embuscade ? Ça les inquiète autant que nous ? Pas simple de commencer l’histoire du soir par «il était une fois les années 30».

Les deux plus grands de Camille (1), mère de trois enfants de 5 à 10 ans, «ont réagi» dès le petit-déjeuner du 10 juin. «Ils n’avaient même pas eu le temps d’en parler dans la cour», rembobine la trentenaire. Son cadet, âgé de 8 ans, a demandé si son «pote, qui est noir», aurait «le droit de venir à l’école». Son aîné, 10 ans, qui «n’a jamais revendiqué le fait de ne pas être un garçon mais qui a émis le souhait de porter des robes, et qui est autorisé à le faire»,