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Bouleversement

Quand les enfants quittent le nid : une rupture impensée

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La rentrée rime pour certains avec départ du domicile familial. En quittant l’endroit où ils ont grandi, les jeunes gens perdent leurs repères. Mais les parents sont parfois encore plus démunis.
Crise du logement et difficulté à trouver un emploi stable oblige, l’âge moyen de départ des enfants du domicile familial recule. (Maria Platero/VOZ'Image)
par Gabrielle Meulle
publié le 9 septembre 2024 à 7h31

«Mes chers parents, je pars. Je vous aime, mais je pars. Vous n’aurez plus d’enfant, ce soir», entonnait Louane en reprenant Sardou au moment de quitter les siens, dans la Famille Bélier (2014). Quand l’adolescente repérée par son professeur de chant découvre qu’elle a un don, il lui faut décrocher une audition à Paris. Un choix de vie qui engendre un départ prématuré de chez sa famille, qui s’y oppose fermement. Agriculteurs vivant dans une ferme mayennaise, dans une commune de 2 000 habitants, le père, la mère et le frère sont malentendants. Un argument en plus pour repousser le départ de l’adolescente qui les aide au quotidien. A l’instar de la famille Bélier, quand les enfants s’en vont, cela peut être vécu comme un déchirement par leurs parents. «C’est une prise d’autonomie, pour les deux côtés», explique la sociologue Emmanuelle Maunaye, maîtresse de conférence à l’université de Rennes.

Elle préfère le terme «dé-cohabitation» à celui de départ, qui rend mieux compte de la longueur du processus. «Toute la gestuelle du quotidien doit être repensée. Lorsque les parents mettent de façon automatique la table pour cinq, quand ils font les courses, la cuisine, c’est toutes ces habitudes ancrées qui doivent changer.» Bien sûr, quitter ses parents n’est pas rompre avec eux – en France, 43% des jeunes gens voient leur père ou leur mère ch