Obsession. Voilà un espace d’art qui porte bien son nom. Près de Bastille, dans la cour d’un discret passage du XIe arrondissement de Paris, la galerie Obsession abrite les pièces les plus prisées d’une collection d’œuvres homoérotiques singulières : statues en pâmoison, croquis d’athlètes, peintures de nus palpitants. La collection de Pierre Passebon – habitué des salles d’enchères depuis l’âge de 17 ans – est un hymne d’amour au désir masculin. Quarante-cinq ans plus tard, voici que le collectionneur disperse ses trésors, profitant de l’occasion pour dévoiler, à la galerie Obsession, parmi les plus précieux d’entre eux, des dessins de Paul Smara, bijoux de lubricité virile. Tracés à la mine de plomb, parfois rehaussés de craie, ces œuvres ne mettent en scène que des figures de marins en rut, travaillés par deux envies : se mater et se monter. Le directeur de la galerie, Florent Barbarossa, compte d’ailleurs bientôt publier un numéro de la revue Obsession spécialement consacré à l’œuvre du dessinateur.
Des marins et des vauriens
Mais qui est Paul Smara ? «A cette question, jusqu’ici, personne ne pouvait répondre. On ne savait rien. Il y avait des dessins, des poèmes manuscrits, c’est tout… Jusqu’à ce que Pierre Passebon me confie la tâche d’écrire un livre sur cet artiste», explique Jérôme Kagan, écrivain-chercheur spécialisé dans l’histoire des Années folles. Son enquête – démarrée en 2021 – aurait d’ailleurs dû échouer, tant il manquait d’indices. «Je n’avais aucune piste», se r