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Interview

Paysans et numérique : «Aujourd’hui, le “faire ensemble” passe beaucoup par Internet»

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Pour le sociologue François Purseigle, les plateformes créées par les agriculteurs transforment le secteur.
Claire Desmares-Poirrier, agricultrice en Ille-et-Vilaine, utilise Instagram pour créer un sentiment de proximité avec ses clients. (Quentin Vernault/Libération)
par Emilie Laystary et photo Quentin Vernault
publié le 24 février 2021 à 23h05

François Purseigle, sociologue des mondes agricoles, professeur à l’Institut national polytechnique de Toulouse, pointe l’émergence d’une nouvelle organisation chez les agriculteurs.

La pandémie a-t-elle suscité un regain d’intérêt pour les circuits courts ?

Chez les consommateurs, les habitudes du premier confinement n’ont pas toujours survécu à la crise économique qui s’est installée. Celles et ceux qui s’étaient mis au circuit court sont nombreux à avoir repris le chemin des supermarchés, par souci de praticité. On observe donc que promouvoir les circuits courts ne suffit pas à les encourager sur le long terme. Il faudrait que les grandes et moyennes surfaces travaillent davantage avec les producteurs locaux, en habituant la clientèle à un juste prix pouvant offrir une juste rémunération aux producteurs. Et que la logistique permette plus de circuits courts en zone rurale.

Sur ce dernier point, comment le monde agricole s’est-il ­organisé ?

Les agriculteurs sont souvent seuls sur leurs exploitations. Ils ont de moins en moins recours au travail familial et ont pu rencontrer des difficultés à recruter pour récolter, à cause de leur dépendance à une main-d’œuvre étrangère. Or, pour commercer en circuit court, il faut des bras pour le faire : accueillir à la ferme, organiser et faire les livraisons… Certains collectifs d’agriculteurs s’en sont donc sortis en s’unissant via des plateformes en ligne et en jouant sur la complémentarité de leurs produits.