Les voisins, que font-ils (entre eux) ? Quels sont leurs réseaux ? Voilà deux questions en apparence anodines. Pourtant, elles font l’objet d’une enquête très sérieuse de l’Institut national des études démographiques (Ined) et du centre Max-Weber : Mon quartier, mes voisins, trente-cinq après des travaux similaires menés par le sociologue François Héran. A la barre, deux sociologues du monde urbain, Joanie Cayouette-Remblière et Jean-Yves Authier, partis à la rencontre des résidents (2 500 personnes environ) d’immeubles et différents quartiers des régions parisienne et lyonnaise avant la crise sanitaire. Et leurs résultats parus mi-mai dans la revue Population & Sociétés sont passionnants : contrairement à une idée bien tenace qui voudrait que les liens de proximité se délitent, et seraient même parfois marqués de désirs «séparatistes», la nature et l’ampleur des relations entre voisins, y compris les conflits, n’ont pas foncièrement changé depuis les années 80. Mieux : elles se sont légèrement intensifiées, même si l’intégration à son quartier croît d’autant plus que les revenus de ses habitants augmentent. Explications avec Jean-Yves Authier (1), professeur à l’université Lyon-II.
Contrairement aux idées reçues, vous démontr