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Pour avoir l’air moderne, Miss France met du court à l’ouvrage

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Eve Gille est la première couronnée à coupe garçonne et plaide le droit à la différence. Raccord avec le message de mue de la société Miss France, mais le concours de beauté reste empesé d’une certaine désuétude.
La nouvelle Miss France, Eve Gilles, a été sacrée le 16 décembre à Dijon. (Arnaud Finistre/AFP)
publié le 17 décembre 2023 à 15h18

Elle a 20 ans, est étudiante en deuxième année en licence de mathématiques et informatique à Lille, veut devenir statisticienne. Voilà qui est réjouissant, quand on sait les inégalités de genre à l’œuvre dans les sciences dures, que déplore notamment Cédric Villani. On aurait d’ailleurs aimé que l’intéressée détaille ce kif des chiffres qui remonte, paraît-il, à l’enfance. Mais bon, samedi soir à Dijon, où avait lieu la finale du concours Miss France, elle n’en a pas fait trop cas, Eve Gilles, la représentante du Nord Pas-de-Calais finalement sacrée.

Il faut dire que ça n’est pas ce qu’on leur demande, aux miss. Plutôt de sourire à tout prix, jusqu’au rictus façon Joker, d’avancer l’air extatique dans des tenues qui donnent envie de demander l’asile esthétique, d’ânonner des «valeurs» qu’on sent plus ou moins piochées dans la boîte à «vos qualités». Compatir avec les malades du cancer ou vouloir remuer ciel et terre pour les enfants qui souffrent est toujours mieux vu que vouloir faire carrière, la miss maternante reste un must.

Un argumentaire inclusif-féministe

De ce point de vue, Eve Gilles est intéressante. Parce que la jolie brune d’origine ré