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Selon une étude

Pour les enfants, une liberté de circuler de plus en plus conditionnelle

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En se penchant sur les limites données aux plus jeunes dans une famille britannique depuis 1926, le médecin William Bird a analysé la progressive perte d’autonomie de mouvement des enfants, qui ne peuvent quasiment plus se déplacer seuls.

En 80 ans, les enfants de Sheffield ont diminué par 30 la distance qu'ils avaient l'habitude parcourir seuls. (Lucie Pastureau/Hans Lucas)
ParJulie Renson Miquel
Kim Hullot-Guiot
collage Frédérique Daubal
Publié le 24/04/2023 à 20h47

De 9 kilomètres à 300 mètres. C’est, en quatre générations, la réduction drastique de la distance parcourue seuls par les enfants d’une même famille vivant à Sheffield, dans le nord de l’Angleterre. Le constat émane de William Bird, médecin britannique et conseiller stratégique en matière de santé pour Natural England, autorité responsable de sites protégés. Il a rendu en 2007 un long rapport sur le lien entre exposition à la nature et santé mentale des enfants, où il étudiait notamment les habitudes de déplacements des petits de 8 ans d’une famille anglaise, entre 1926 et 2007.

«Les ados ont probablement moins accès à un jardin secret»

En 1926, les parents de George Thomas n’avaient pas les moyens de lui payer le bus, encore moins un vélo. Le garçon marchait donc plus de 9 km pour se rendre, seul, à son coin de pêche préféré. En 1950, son fils Jack était autorisé, au même âge, à marcher un peu moins de deux kilomètres en forêt autour de la maison. En 1979, il était permis à Vicky, sa petite-fille, de se rendre seule à la piscine située à un kilomètre du domicile familial. Enfin, en 2007, son arrière-petit-fils, Edward, ne jouit pas du tout de la même liberté. Il est conduit en voiture par sa mère pendant les quelques minutes qui le séparent de l’école