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Libération
Livret de famille (8/12)

Prénom de nom : Baptistou, ça… c’est vraiment moi

Des histoires de familles et d’identité. Aujourd’hui, le témoignage de Baptistou, 40 ans, dont le surnom fait partie intégrante de son identité.
Bols bretons avec des prénoms, 4 novembre 2017, Morbihan, France. (Photo by Michel GILE/Gamma-Rapho via Getty Images) (Michel GILE/Gamma-Rapho via Getty Images)
publié le 26 juillet 2021 à 9h15

«Chez moi, tout le monde a des surnoms. Souvent en “ou” : Camillou, Dadou, Baptistou… Ma mère, c’est Boulette. Enfin, elle a toute une panoplie de surnoms. Pour mon père, elle est Guzu. D’autres l’appellent Pouet. Yok, c’est mon père. Dans ma famille, on a tous des surnoms. Mes oncles, mes tantes, mes cousins… Ça vient de loin. Je ne saurais pas dire d’où, ni pourquoi. C’est comme ça. Ce n’est vraiment pas un sujet dont on parle chez moi, ou qui crée des discussions enflammées lors des repas de famille. Mais alors pas du tout. On se prend tous au jeu, j’ai toujours trouvé ça marrant et normal. J’ai toujours été Baptistou.

«Jamais je n’ai entendu mes parents ou mes frères et sœurs m’appeler Jean-Baptiste. Aucun souvenir. Très peu de gens m’appellent par mon vrai prénom. Même au boulot. Je signe la plupart de mes mails professionnels, Baptistou. Logique, puisqu’on m’appelle comme ça. C’était surtout vrai dans mon ancienne boîte, ça avait pris super vite. Même les grands chefs m’appelaient Baptistou, y compris… devant les clients. Cela me revient, maintenant que j’y pense. Un jour, un directeur d’une boîte me contacte sur LinkedIn. On ne s’était jamais parlé, jamais rencontré. Une relation de relation. Bref, on cale un rendez-vous téléphonique. Il attaque d’un “Monsieur Baptistou ?”, “Oui, c’est moi.” En fait, c’est vraiment moi. J’ai plus l’impression de m’appeler Baptistou que Jean-Baptiste. Les gens pensent parfois que c’est un prénom étranger, genre d’Amérique du Sud. Ils ne percutent pas forcément. A l’étranger, ça passe très bien, mieux que Jean-Baptiste. Les prénoms composés, c’est compliqué ; peu de pays en ont, et du coup, les gens sont vite perdus. Alors que “My name is Baptistou”, personne ne relève ! Il faut dire aussi que dans un autre pays que le sien, les prénoms n’ont pas la même connotation : c’est quasi impossible, à moins de connaître parfaitement la culture, de détecter les prénoms bizarres ou les surnoms.

«Après, il y a quand même des gens qui m’appellent Jean-Baptiste, en me connaissant depuis longtemps. En général, ce sont les gens avec qui le courant ne passe pas. Baptistou, ils n’y arrivent pas, parce qu’ils ne parviennent pas à rentrer dans la sphère de sympathie. Au moins, je le sais direct.»