«Je suis né à Alger, d’une mère française et d’un père kabyle, libertin et libertaire. Un fêtard comme on en fait plus. Bon vivant, homme à femmes. Loin de la religion. Ils m’ont appelé Mohamed Lamine, par tradition je pense. Lamine, c’est la traduction d’Al Amin («Le bien guidé»). En Algérie, le fils aîné s’appelle comme ça souvent. Il y en a plein, comme les Stéphane ici en France dans les années 70. Je devais avoir 4 ans quand ma mère s’est enfuie avec moi. Elle s’est barrée du jour au lendemain, en plein divorce, en me prenant avec elle sans rien dire à personne. Elle avait peur que la famille de mon père me prenne et me garde. Nous avons débarqué à Toulon, où vivait ma grand-mère maternelle. J’ai très peu de souvenirs, elle est morte assez vite.
«C’est elle, ma grand-mère, qui a insisté pour qu’on m’appelle autrement. Je ne m’en souviens pas, je ne fais que répéter l’histoire que ma mère m’a racontée. Un jour, en rentrant du parc, elle m’a demandé : “Comment aimerais-tu t’appeler ?” J’imagine très bien la scène, avec la légèreté de ma mère. J’ai répondu Michaël, comme mon copain de récré. J’aurais pu dire Jean-Paul ou n’importe quel autre délire passager, ça me collerait aussi à la peau aujourd’hui. Depuis, tout le monde m’appelle Michaël. Ma mère, mes amis. Mon père aussi – il m’a cherché pendant des années. J’avais 9 ans quand il m’a retrouvé. J’étais à la cantine. J’ai levé la tête, et il était là, avec le directeur qui lui montrait où j’étais assis. Je m’en so