Colère : «Putain, mais c’est pas possible !» Etonnement : «Putain, il a vraiment osé ? !» Tristesse : «J’en ai vraiment marre, putain…» Enthousiasme : «Putain, trop bien !» Ce mot-là est vraiment pratique. Il permet de tout dire, même l’admiration. En français, «pute» et son corollaire «putain» sont devenus le «couteau suisse de l’exclamation», affirme Dominique Lagorgette. Dans un livre sobrement intitulé Pute (publié le 18 avril aux éditions La Découverte), la chercheuse, professeure en sciences du langage, retrace l’histoire du mot dont elle traque les multiples et truculents usages sur onze siècles. Bien que son livre soit présenté, de façon quelque peu austère, comme «une enquête sur la représentation des femmes au travers des stigmates qui leur sont associés», il est si plein d’une joie palpable à citer les pires crudités, qu’on ne peut s’empêcher de rire tout au long de cette jouissive descente aux enfers verbaux.
«Sale pute» : un pléonasme
Synonyme de «sale», le mot «pute» proviendrait du latin putidus, «pourri, gâté, puant, fétide», un adjectif évocateur de crasse physique et morale. En français, les premières occurrences du mot datent du Moyen Age et s’appliquent aussi bien aux plantes qu’aux animaux. On parle d’«herbes putes» pour désigner