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Les 400 culs

«Pute», «putain», «putain de con»… histoire millénaire d’une insulte polysémique

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L’insulte date du Moyen Age et a tant de succès qu’elle est désormais utilisée pour dire une foule de choses différentes, comme le retrace Dominique Lagorgette, professeure en sciences du langage.
Tant que le stigmate restera actif, inutile de bannir «pute» : «Chasser les mots ne suffit pas à détruire les idées.» (David Nathan-Maister/SSPL via Getty Images)
publié le 20 avril 2024 à 11h01

Colère : «Putain, mais c’est pas possible !» Etonnement : «Putain, il a vraiment osé ? !» Tristesse : «J’en ai vraiment marre, putain…» Enthousiasme : «Putain, trop bien !» Ce mot-là est vraiment pratique. Il permet de tout dire, même l’admiration. En français, «pute» et son corollaire «putain» sont devenus le «couteau suisse de l’exclamation», affirme Dominique Lagorgette. Dans un livre sobrement intitulé Pute (publié le 18 avril aux éditions La Découverte), la chercheuse, professeure en sciences du langage, retrace l’histoire du mot dont elle traque les multiples et truculents usages sur onze siècles. Bien que son livre soit présenté, de façon quelque peu austère, comme «une enquête sur la représentation des femmes au travers des stigmates qui leur sont associés», il est si plein d’une joie palpable à citer les pires crudités, qu’on ne peut s’empêcher de rire tout au long de cette jouissive descente aux enfers verbaux.

«Sale pute» : un pléonasme

Synonyme de «sale», le mot «pute» proviendrait du latin putidus, «pourri, gâté, puant, fétide», un adjectif évocateur de crasse physique et morale. En français, les premières occurrences du mot datent du Moyen Age et s’appliquent aussi bien aux plantes qu’aux animaux. On parle d’«herbes putes» pour désigner