A Marseille, le week-end, quand elle n’est pas en train de danser devant un système son, on la retrouve généralement derrière un stand de prévention. Assidue des free-parties depuis son entrée dans l’âge adulte, Rachel Andreatta, 32 ans, a en effet trouvé dans la nécessaire réduction des risques en milieu festif une façon d’allier l’utile à l’agréable. Aujourd’hui coordinatrice de Plus belle la nuit, projet de l’association marseillaise «le Bus 31 /32», gestionnaire de deux centres médico-sociaux qui accompagnent des usagers et usagères de drogues, la Normande d’origine, initiée à la nuit pendant ses études dans les bars punk et rock de Rennes ou en tant que bénévole dans des festivals musicaux de l’Ouest, prêche auprès des fêtards et fêtardes les bonnes pratiques en matière de consommation des stupéfiants. «C’est ce que j’ai apprécié dès mon introduction dans les free-parties, c’est que la question des produits se pose et se dit, plaide celle qui est aussi l’une des organisatrices de la Quinzaine stupéfiante, événement local de rencontres et débats autour des substances psychoactives. Les infos y circulent, c’est une forme d’instruction qui vise l’autonomie des personnes et une façon de prendre soin qui permet de vivre la fête autrement.» Hors des fêtes techno et queer, elle se défoule dans quelques rades engagés, Dar Lamifa, bar associatif de la rue d’Aubagne, ou Sing or Die, un «karaoké assez punk» du quartier des Réformés.
Ta définition de la nuit
«La nuit, du fait qu’il fasse noir ou sombre, appelle la transgression. Ce qu’est aussi la fête ou ce qu’elle a pu être à l’époque. Même si je préfère faire la fête en journée. C’est un espace de plaisir ou de libération et parfois de risque ou d’excès.»
Ta première virée
«C’était il y a longtemps. Je devais avoir 20 ans. Des potes m’ont emmenée en free-party en Vendée. C’était ma première et j’ai dansé toute la nuit jusqu’à 9 heures du mat sans m’arrêter. On venait me voir pour me dire “qu’est-ce que tu as pris ?”, mais c’était juste l’effet de la musique et le fait d’être en forêt, d’expérimenter cette espèce de liberté sans murs, sans sécurité, sans être bridé par quoi que ce soit. Et c’est pour ça que j’aime toujours autant les free-parties. Cela m’arrive encore d’être submergée par l’émotion de la fête, de ressentir ce lâcher-prise total et de vivre cet état de transe au milieu d’un public, même si c’est difficilement réatteignable dans la vie de tous les jours.»
Episode précédent
Ta B.O.
«Ce serait une chanson de Rone, Brest, histoire de remettre un petit pied en Bretagne. Le morceau infuse un univers qui paraît assez calme mais qui t’emporte je ne sais où. Un peu comme une nuit qu’on ne prévoit pas et qui se finit à 7 heures du mat.»
Ton objet
«Un appareil photo jetable. J’ai commencé à faire de la photo argentique quand j’étais ado avec de vieux appareils. On nous emmenait faire des photos à Papillons de nuit [un festival de musique en Normandie, ndlr] où on avait accès aux scènes comme les autres photographes. C’était aussi une porte d’entrée dans le milieu festif et j’ai gardé ce petit truc d’avoir un appareil photo sur moi en teuf. Il y a deux semaines par exemple, j’étais à une free-party et j’ai fait plein de photos [qu’elle publie sur son blog]. Je ne développe pas les pellicules de suite. Ça me permet plus tard de me replonger dans quatre mois de fêtes, de capter des têtes oubliées et de les revivre par procuration.»
Ton prochain week-end
«Pour l’instant, je n’ai rien de prévu mais on ne sait jamais quand une info teuf tombe. Il y a également le festival Musique magique qui s’étend jusqu’au 20 mai dans différents lieux de Marseille.»