Menu
Libération
Les 400 Culs

Revues de fesses à l’université : le gros problème du catalogage

Article réservé aux abonnés
Quelle place donner aux revues cochonnes dans les bibliothèques universitaires ? Comment réviser un système d’indexation aussi pathologisant que puritain ? En Suisse, le centre Chalumeau a pris l’initiative d’un vaste débat sur la question.
Comment rendre accessibles des revues érotiques via un système de recherche en ligne qui n’a été conçu pour accueillir ni des albums du Kamasutra ni des publications échangistes ? (Agnès Giard)
publié le 21 janvier 2023 à 6h49

Le 23 juin 2021, l’université de Genève reçoit 600 cartons remplis d’imprimés aux titres explicites : Super Anal, la Quéquette du Graal, Atlas du clystère, Penthouse, les Jardins de Priape… En tout, 25 000 livres et 25 000 revues, prospectus de sex-shop, petites annonces SM ou calendriers Dorcel dont le propriétaire, Michel Froidevaux, avait patiemment constitué les archives en vue de sauvegarder ce qu’il nommait joliment «les expressions érotiques». Depuis 1996, à Lausanne, Michel Froidevaux constituait sa collection dans le cadre d’une Fondation estampillée «d’utilité publique» et c’est pourquoi, à sa mort en novembre 2020, la collection fut transmise à une bibliothèque universitaire, afin que les chercheurs puissent profiter de cette manne. La gestion du trésor fut confiée au centre Maurice Chalumeau en sciences des sexualités (CMCSS), avec pour mission d’ouvrir les cartons et d’en classer le contenu. Mission impossible ?

Des archives inédites en leur (mauvais) genre

«Nous nous trouvons face à un défi, explique Ferdinando Miranda, directeur exécutif du CMCSS. Nous avons hérité du plus grand fonds connu à ce jour dans le cadre universitaire, à l’échelle européenne. Il s’agit de donner une place et une légitimité à des ouvrages qui, jusqu’ici, n’étaient pas considérés comme des objets d’étude.» Il s’agit, surtout, de les