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Interview

Sandra Fontanaud : «La généalogie tient de la réalisation de soi par soi»

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La sociologue détaille les motivations qui peuvent expliquer la quête des origines.
Pour sa série «Visitation Scenes : 1880-2018», l’artiste Andy Wiener a détouré les visages de ses ancêtres et proches pour reconstituer une photo de famille, avec sa silhouette répliquée à l’infini. (Andy Wiener)
publié le 20 novembre 2021 à 10h20

Sociologue et spécialiste de la généalogie, Sandra Fontanaud a soutenu en 2012 une thèse sur cette pratique qui est devenue un loisir apprécié de la classe moyenne, après avoir, dit-elle, «permis à une classe dominante de justifier et conforter sa place dans la société pendant des siècles».

Avec le Covid-19, observe-t-on un regain d’intérêt pour la généalogie ?

Il semblerait que oui. Dans quelques années, en recoupant les rapports annuels des archives départementales, les taux de fréquentation des sites de généalogie et le nombre de tests ADN généalogiques, on se rendra certainement compte que la pandémie a favorisé un sursaut d’intérêt pour la pratique. Plusieurs explications sont possibles : la perte d’un proche qui symbolisait la mémoire de la famille, le temps libre offert par le confinement, le retour aux valeurs familiales en temps de crise…

Au-delà de la curiosité, qu’est-ce qui peut motiver celles et ceux qui se lancent dans ces enquêtes familiales ?

On pourrait penser qu’il y a autant de généalogistes amateurs que de motivations. Ce n’est pas tout à fait le cas : des parcours types se distinguent. Parmi les déclics classiques, on retrouve le décès d’une personne âgée, un secret de famille pesant, une volonté de comprendre sa lignée. Plus prosaïquement, il faut reconnaître que beaucoup se lancent dans la généalogie par pure envie de se trouver un hobby, plus précisément une activité «qui fait fonctionner la matière grise» comme le font valoir beaucou