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Se rafraîchir avec de l’eau froide en cas de canicule : fausse bonne idée ?

Face à cette période caniculaire, tous les moyens sont bons pour ne pas amplifier la sensation de chaleur. Décryptage d’un geste instinctif : se précipiter vers l’eau froide, voire glacée.
Pour ne pas occasionner une dépense d'énergie supplémentaire à notre organisme, les douches froides sont déconseillées par Santé publique France. (Tori Ferenc/Libération)
publié le 2 juillet 2025 à 10h45
(mis à jour le 11 août 2025 à 12h06)

Actuellement, le Sud de la France, et bientôt la quasi-totalité du pays, rêve d’une glace sucrée, d’une douche glacée et de ne pas travailler. Et pourtant, rien de tout cela n’est recommandé. Même pas de cesser notre activité, si notre emploi ne nous expose pas à un «danger grave et imminent» en cas de fortes chaleurs, comme c’est le cas de certaines professions au sein desquelles un droit de retrait peut s’appliquer.

Une eau tempérée, un peu fraîche, en toutes circonstances

Pour ce qui est du reste, ce sont les recommandations formulées par Santé publique France depuis 2014 qui nous le confirment. Si les douches peuvent être consommées à volonté, la température qui sort du pommeau de douche doit être contrôlée et rester «tiède, fraîche sans être froide», conseille Agnès Verrier, épidémiologiste à Santé publique France. C’est-à-dire à peu près à la même température que celle du corps, qui se situe autour 37 °C. «Si on expose l’organisme au froid ou au chaud, il va dépenser de l’énergie pour maintenir sa propre température autour de 37 °C», explique-t-elle. Néanmoins, les douches relativement rafraîchissantes restent conseillées. Surtout le soir, avant de dormir.

L’idée est d’ailleurs plus ou moins la même pour la consommation ingérée d’eau : il ne faut pas la boire glacée. Encore moins des boissons sucrées ou alcoolisées, qui déshydratent. Par contre, l’eau doit être consommée «sans attendre la sensation de soif», insiste Agnès Verrier. Quant à la nourriture, elle peut aussi être «une bonne source d’hydratation», à condition qu’elle soit bien choisie. Les légumes et les fruits riches en eau, comme les «concombres, pastèques, melons, tomates», qui apportent «hydratation et nutriments», doivent être préférés aux repas chauds et difficiles à digérer. En résumé, pas question de moins manger, mais plus de «changer sa façon de se nourrir» en période de fortes chaleurs. Ce conseil est particulièrement vrai pour «les personnes âgées, qui ressentent moins la faim», avertit Agnès Verrier.

Quid des populations à risque ?

Selon les chiffres de Santé publique France publiés en mars, 3 700 personnes sont mortes à cause de la chaleur au cours de l’été 2024, et les trois quarts avaient 75 ans ou plus. Un phénomène normal, car «quand il fait chaud, notre rythme cardiaque s’accélère et on transpire. Sauf, qu’avec l’âge, notre organisme fonctionne un peu moins et le corps transpire beaucoup moins», explique la spécialiste. Pour compenser et favoriser la transpiration, elle conseille «de mouiller régulièrement le corps des personnes âgées avec un gant ou un linge humidifié».

Et la baignade ?

La baignade, comme les douches, est à consommer sans modération. Néanmoins, certaines règles doivent être respectées. «Il ne faut pas s’exposer avant de se baigner, et rentrer progressivement dans l’eau en se mouillant d’abord la nuque et le ventre», soutient la salariée de Santé Publique France.

Toutefois, notamment avec des enfants, la vigilance doit être maximale. Deux conseils : «prévenir quelqu’un si on va se baigner dans la mer» et «écouter son corps» en cas de fatigue. Toujours selon Santé publique France, 983 noyades ont été recensées en France entre le 1er juin et le 21 août 2024, et 268 ont conduit à la mort de l’individu.

Mise à jour lundi 11 août à l’occasion de la deuxième vague de chaleur de l’été.