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Seconde main: une autre forme de fast-fashion?

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Consommation responsabledossier
Acheter d’occasion apparaît vertueux. Mais cela permet aussi de surconsommer sans scrupules... y compris du neuf.
A Lille, fin mai chez une utilisatrice de l'application Vinted. (Hugo Clarence Janody/Hans Lucas pour Libération )
publié le 29 mai 2021 à 10h22

En matière de garde-robe, se tourner vers la seconde main est a priori louable car antigaspillage vestimentaire, pro-recyclage, donc écolo-friendly. C’est d’ailleurs un argument sur lequel surfent allègrement les acteurs du secteur. Du coup, il faudrait se réjouir de son explosion. Sauf que ses vertus sont battues en brèche dans la pratique. La seconde main n’aurait pas d’effet de frein sur la (sur) consommation de vêtements. Pire, pointent même les militants de l’écoresponsabilité, elle tend à l’amplifier.

Achat «impulsif»

«Les plateformes comme Vinted ou Vestiaire collective sont les têtes de proue de la fast-fashion de la seconde main, affirme ainsi Eloïse Moigno, fondatrice du label de mode éthique français SloWeAre. Elles poussent les consommateurs vers des habitudes d’achat propres au marché de la fast-fashion : on achète énormément de vêtements pas chers en sachant que si on ne les porte pas, on va pouvoir les revendre. Ces applications stimulent, chez le consommateur, le côté impulsif et immédiat vis-à-vis de l’achat.» Même constat du côté de Zéro Waste France, association qui milite depuis vingt ans pour le «zéro déchet» et le «zéro gaspillage». Marine Foulon, responsable de la communication de l’association, souligne également l’effet pervers des plateformes de revente, dont la stratégie marketing «ne pousse pas ses utilisateurs à interroger leurs pratiques d’achat.»

Quand on leur ramène des vêtements de seconde main, des magasins vous offrent un bon d’achat pour aller racheter du neuf… Cela n’a aucun intérêt d’un point de vue écologique.

—  Zero Waste France, association militant pour le «zéro déchet»

Quid des grandes enseignes qui se lancent dans la seconde main ? «Même si elles font des effor