A chaque poussée de fièvre électorale débouchant sur une victoire ou un score important de l’extrême droite, je fais partie de ces personnes qui reçoivent des messages de soutien spontanés : «Courage, je n’imagine pas ce que toi et proches peuvent ressentir» ; «Je suis désolé. Je ne sais pas quoi faire mais j’ai honte, je voulais que tu le saches» ; «Si le RN passe ce sera l’enfer pour vous». Je comprends les mécanismes qui déclenchent ces marques de «solidarité». Elles viennent de personnes qui ne sont que trop conscientes du projet racialiste mortifère que la politique de normalisation frontiste n’a pas réussi à planquer. Malgré cet implicite qui nous lie, je suis submergé par un sentiment de malaise qui m’isole et me fait porter une charge qui n’est pas la mienne.
Ces pensées à toutes les minorités qui sont dans le radar du RN cachent malheureusement une bienveillance essentialisante. Elle part d’un sentiment de crainte mêlé d’affection pour un individu que l’on finit par fondre dans un groupe. Cette «bienveillance» enferme le destinataire dans un stigmate qui