Thanksgiving s’impose de plus en plus en France comme une fête locale. Doit-on s’en réjouir ? On a vu moult échanges de recettes de dinde, de sauce aux canneberges et de bons plans restos, que ce soit sur les réseaux sociaux, dans les médias culinaires ou les médias généralistes. Il faut croire que de nombreux non-Américains, de ce côté-ci de l’Atlantique, se mettent à célébrer cette fête le quatrième jeudi de novembre. Un des rares moments où la gastronomie américaine atteint un tel consensus national.
Un rappel historique : les origines de Thanksgiving remontent à la rencontre des colons anglais puritains et du peuple autochtone Wampanoag, en 1621. L’installation des colons est compliquée, la moitié d’entre eux (une cinquantaine) meurt de froid, de faim ou de maladie. Les Wampanoags aident les colons à la hauteur de leur savoir et de leurs moyens et, à l’automne 1621, la colonie organise un banquet de victuailles, fruit de belles récoltes, de chasse et de pêche. Les Wampanoags, qui ne sont pas invités à la fête, viennent quand même. Ce récit sert depuis des siècles de mythe fondateur à Thanksgiving, transformé en «action de grâce» aux XVIIIe et XIXe siècles pour remercier «dieu» pour la liberté, l’abondance et l’indépendance. Décrété jour national, en 1789, par George Washington, son statut de jour férié n’est officialisé au niveau fédéral qu’en 1863, en pleine guerre de Sécession, par Abraham Lincoln.
Dinde tardive
L’hospitalité, la diplomatie et le savoir autochtones disparaissent vite