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Les 400 culs

Vanda Spengler, le nu qui dérange

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Spécialisée dans les nus, la photographe – petite fille de Régine Deforges – voit son travail couronné par une exposition solo à Paris. Elle y dévoile des corps qui mangent, souffrent et copulent.
«Le Ragout des damnés #1» de Vanda Spengler. (Vanda Spengler)
publié le 21 octobre 2023 à 12h01

«On est des bêtes comme les autres. C’est pour cela que je photographie des nus, peut-être. Pour rappeler aux gens qu’ils sont juste de la viande.» Interviewée par Libération, la photographe franco-suisse Vanda Spengler raconte qu’elle porte un «regard naturiste sur l’humain». Ce que confirme de façon poignante la rétrospective de son œuvre présentée du 19 octobre au 1er novembre à la galerie les Temps donnés (Paris XXe).

Au début de sa carrière, Spengler réunissait des volontaires sur les quais de gare ou de métro : ses modèles se déshabillaient rapidement puis s’allongeaient en grappe, juste le temps pour la photographe de réaliser quelques clichés avant l’irruption des agents de sécurité. Vanda Spengler faisait aussi poser des corps outragés par le poids des ans, des rescapées du cancer serrant contre elles leur enfant, des personnes anorexiques pareilles à des sacs d’os et des forçats traînant le boulet de leur «surcharge pondérale». Dans ses images, parfois très perturbantes, la condition humaine prenait des allures dantesques.

La foire aux nudités

Vers 2020, «parce qu’on ne peut pas dépecer des humains», ainsi qu’elle le formule, Vanda Spengler oriente son travail vers le corps d’animaux tués par des chasseurs ou des bouchers. Cette série intitulée Carcasses montre le processus qui mène des êtres vivants à devenir de la viande, pour assurer la survie d’autres êtres eux-mêm