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«Vierges : la folle histoire de la virginité» d’Elise Thiébaut, pucelle que vous croyez

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Dans une BD instructive et poilante, la journaliste et essayiste se penche sur la construction de cette notion, ses mythes et réalités.
Les illustrations du livre sont signées Elléa Bird. (Elise Thiébaut. Elléa Bird. Le Lombard)
publié le 20 janvier 2024 à 14h36

La virginité ne se perd pas. C’est la première conviction qui nous habite une fois refermé l’essai graphique Vierges : la folle histoire de la virginité signé Elise Thiébaut (1). On aura ri comme poussé de hauts cris, on se sera insurgée comme on aura hoché la tête en signe d’approbation. En moins d’une centaine de pages, la journaliste et essayiste de 61 ans parvient à nous entraîner dans une odyssée déconstructive du tabou qu’est la virginité agrémentée d’un humour dénué de vulgarité. Et cela, en évoquant son propre cheminement – celui de l’adolescente qu’elle a été, prête à en découdre avec sa propre condition de «vierge» –, mais aussi l’histoire, la médecine, la mythologie ou même l’astrologie. Elise Thiébaut mêle les voix de l’adolescente de 14 ans qu’elle a été et celle de la femme sexagénaire qu’elle est aujourd’hui ; ainsi que celle d’une trentenaire, l’illustratrice Elléa Bird, derrière les dessins et quelques-uns des traits d’humour de l’ouvrage.

«Rituel de passage de la vie»

Ces trois voix rythment le triptyque inscrit au cœur de l’essai graphique : être vierge, le tabou, et les grandes figures de la virginité, de Jeanne d’Arc («qui était peut-être transgenre») aux vierges martyres de la pureté en passant par Marie, mère de Jésus, les «vierges sous serment» d’Albanie, les prêtresses antiques qu’étaient les vestales ou la Shéhérazade des Mille et Une Nuits. Sans parler des films mettant en scène des vierges sur les sites pornos ou alors des femmes qui vendent leur virginité