C’est «là où tout a commencé». En plein cœur de Londres, sur Old Street, Look Mum No Hands ! peut se targuer d’avoir (re)lancé un art de vivre à part : le «café vélo». C’était en 2010. Cet établissement pour vélotaffeurs – et bien plus – mêlant un café-bar, un atelier de réparation et un espace d’exposition a fermé ses portes en début d’année, financièrement malmené par les années Covid puis l’inflation record outre-Manche. Une «institution» qui en a inspiré des dizaines – peut-être des centaines – à travers le monde. «Des cafés vélos, il s’en ouvre tous les jours en France, observent de concert Laurent Belando et Julien Sommier. On voulait aller au-delà de cette tendance et raconter ces lieux qui ont marqué l’histoire de la communauté cycliste.»
Livre
Les deux amis, évidemment cyclistes, mais surtout auteur d’ouvrages sur le vélo pour le premier et responsable de l’enseigne parisienne Steel Cyclewear & Coffeeshop (XIe arrondissement), signent ce mois-ci un guide richement illustré, chez Tana éditions, de vingt lieux «emblématiques» de cette culture mêlant passion du cycle et amour du bon petit noir. Ils y recensent également une soixantaine d’itinéraires cyclables et des bonnes adresses vélo-friendly (restaurants, hôtels, musées, etc.). Leur souhait ? Montrer la diversité de ces lieux communautaires, lointains héritiers du chalet du cycle, au bois de Boulogne au début du XXe siècle, qui ont essaimé dans le monde entier depuis l’Angleterre en une petite douzaine d’années.
«Histoires humaines»
«Ce sont bien plus que de simples cafés, il y a des histoires humaines derrière. Ils constituent d’abord un lieu de rendez-vous, que ce soit en ville ou à la montagne. Ils se situent là où les cyclistes pédalent. Il y a en a la campagne, en bord de mer, dans les grandes métropoles, mais c’est un peu plus récent ; les cafés vélo très urbains, ce n’est pas la majorité des cas», soulignent encore les deux compères, qui en recensent trois seulement, selon leurs critères, dans Paris intra muros. Et d’ajouter : «Certaines boutiques de cycles ont une machine à café mais pas de places assises. On ne peut pas vraiment parler de café de spécialité. En revanche, certains, comme Peloton de Paris, en Belgique, sont allés plus loin en créant des marques ou des événements.»
Parmi la sélection, forcément «subjective», la majorité de ces lieux où l’on se file aussi les bons tuyaux sont par ailleurs situés en Europe, en dehors des frontières hexagonales. On en trouve au Benelux, en Allemagne et en Italie bien sûr, mais surtout en Catalogne. «L’Espagne est la Mecque du vélo sportif et de loisir aujourd’hui, notamment autour de Gérone et de Majorque. Il n’y a pas un endroit en Europe où il y a autant de cafés vélo et de professionnels qui roulent», observent Laurent Belando et Julien Sommier. C’est qu’à l’instar de la région niçoise, également plébiscitée par les amateurs de la petite reine, le climat et le terrain de jeu sont propices à la pratique toutes catégories confondues (vélo de route, VTT, gravel, etc.). Et rien de tel qu’un bon kawa avant ou après une virée.