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Témoignage

Arrêter l’avion : un enjeu dans mon couple et sept ans d’aventures sans kérosène

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Turbulences personnelles, interrogations dans notre entourage… Quand mon compagnon a pris la décision d’arrêter l’avion, cela aurait pu tuer notre couple. Finalement, je m’y suis faite, et sans regret.
En 2017, comme la plupart des cadres surdiplômés qui m’entouraient, je travaillais avec un seul objectif en tête : financer mon long-courrier annuel. (Denis Allard/Libération)
publié le 7 mai 2024 à 12h01
(mis à jour le 7 mai 2024 à 12h49)

L’année où j’ai commencé à sortir avec Matthieu, en 2017, nous sommes partis chacun de notre côté en vacances. Il a sillonné l’Argentine et le Chili avec ses amis ; moi, le Brésil. A 26 ans, j’étais commerciale dans la pub. Comme la plupart des cadres surdiplômés qui m’entouraient, je travaillais avec un seul objectif en tête : financer mon long-courrier annuel. Sans le passage par les cases «terminal aseptisé de Roissy» et «plateau-repas insipide de la classe éco», je ne me sentais pas vraiment en vacances. J’étais, comme de nombreux privilégiés, hors-sol. Selon l’Insee, une personne sur quatre ne part pas en vacances par manque de moyens financiers en France.

Les réactions ont été vives

Et puis Matthieu a pris une grande décision : «Arrêter l’avion.» Notre vie à deux commençait, et voilà qu’il foutait tout en l’air. Je voulais sillonner le monde avec l’homme que j’aime, et lui me parlait réchauffement climatique et émissions de gaz à effet de serre. J’avais développé une passion dévorante pour le continent latino-américain, ses cultures, son histoire. J’avais appris l’espagnol et le portugais pour y voyager. Bien sûr, je pouvais explorer le continent seule, avec des amis. Mais occuper son temps libre ensemble, n’est-ce pas tout l’intérêt d’être «en couple» ? Sans le vouloir, Matthieu m’imposait quelque chose. Pendant plusieurs mois, un mélange de colère et de tristesse me prenait. J’ai pensé à le quitter. Etait-ce vraime