L’année où j’ai commencé à sortir avec Matthieu, en 2017, nous sommes partis chacun de notre côté en vacances. Il a sillonné l’Argentine et le Chili avec ses amis ; moi, le Brésil. A 26 ans, j’étais commerciale dans la pub. Comme la plupart des cadres surdiplômés qui m’entouraient, je travaillais avec un seul objectif en tête : financer mon long-courrier annuel. Sans le passage par les cases «terminal aseptisé de Roissy» et «plateau-repas insipide de la classe éco», je ne me sentais pas vraiment en vacances. J’étais, comme de nombreux privilégiés, hors-sol. Selon l’Insee, une personne sur quatre ne part pas en vacances par manque de moyens financiers en France.
Les réactions ont été vives
Et puis Matthieu a pris une grande décision : «Arrêter l’avion.» Notre vie à deux commençait, et voilà qu’il foutait tout en l’air. Je voulais sillonner le monde avec l’homme que j’aime, et lui me parlait réchauffement climatique et émissions de gaz à effet de serre. J’avais développé une passion dévorante pour le continent latino-américain, ses cultures, son histoire. J’avais appris l’espagnol et le portugais pour y voyager. Bien sûr, je pouvais explorer le continent seule, avec des amis. Mais occuper son temps libre ensemble, n’est-ce pas tout l’intérêt d’être «en couple» ? Sans le vouloir, Matthieu m’imposait quelque chose. Pendant plusieurs mois, un mélange de colère et de tristesse me prenait. J’ai pensé à le quitter. Etait-ce vraime