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«Homo touristicus»

Devant la tour de Pise ou le Louvre, pourquoi prenons-nous tous les mêmes photos de vacances ?

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Partout sur Terre, des êtres humains se réunissent aux mêmes endroits pour reproduire les mêmes clichés. Une pratique commune motivée par notre désir de reconnaissance et de s’approprier les sites que nous visitons, mais aussi une illustration du surtourisme et ses conséquences.
Devant le Louvre, en mai 2023. (Magali Cohen/Hans Lucas. AFP)
par Louis Deroo
publié le 14 juillet 2024 à 14h08

L’homo touristicus est une espèce bien particulière : il se rend devant les mêmes paysages, brandit son smartphone, de manière mimétique et prend les mêmes photos. Qu’importe la pose, le sourire plus ou moins crispé : elles sont identiques. Depuis des années, le compte InstaRepeat rassemble tous ces clichés que nous reproduisons devant les monuments ou bien des paysages idylliques de plaine arctique, au pixel près. Nous laissant avec une interrogation simple et basique : qu’est ce qui nous pousse à prendre les mêmes photographies ?

«Prendre des photos devant un monument est la principale activité des visiteurs, c’est une convention», nous explique le photographe Martin Parr. L’artiste britannique a longuement observé nos pratiques de touristes : «Les gens se disent qu’ils ne peuvent pas se rendre devant un monument sans prendre une photo devant.» Dans sa série Small World, il s’amuse par exemple de plusieurs vacanciers essayant de reproduire le fameux jeu de perspective qui consiste à donner l’impression de retenir la tour de Pise – et que celui qui n’a jamais tenté nous jette la première pierre.

Le tourisme, une activité mimétique par nature

Une pratique mimétique exacerbée par Internet et le partage d’images sur les réseaux sociaux, avec des ob