Quand Marie, 37 ans, s’apprêtait à partir pour les vacances, jusqu’à peu elle embarquait forcément un magazine féminin, Biba ou Elle. Mais la Parisienne, rédactrice en communication, s’est rendue à l’évidence : «T’as envie de rire en faisant les tests de personnalité avec les copines, de pouffer en lisant les témoignages… Et après, tu te rends compte qu’il faut faire quatre fellations par semaine pour être normale.» Au fil des étés, sa conscience féministe a évolué, mais pas les contenus de ces titres. «Je voyais les injonctions patriarcales partout.» La dissonance devenue trop forte, l’achat rituel sur le quai de la gare a disparu.
En maillot de bain, les pieds dans le sable, l’envie de contenus légers se heurte aux lunettes féministes que beaucoup ont chaussées, notamment depuis le mouvement #MeToo, sans pouvoir désormais les enlever – même le temps d’un petit quizz olé olé. Des femmes se détournent ainsi des titres de la presse féminine traditionnelle qui leur étaient chers pendant leurs congés, Marie Claire, Cosmopolitan, Biba et consœurs, ne supportant plus ce dilemme moral.
Les poilades en groupe manquent à Marie. Cet été, elle a donc tout prévu pour s’enjailler entre amis : mots fléchés, Uno et Monopoly Deal, la version sans plateau du célèbre jeu de société. «Je coince les cartes avec des petits cailloux, ça s’envole moins que les billets», plaide-t-elle. Pour les contenus légers, elle attend le soir, quand le sol