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«Honte de prendre l’avion» : en Suède, un appel d’air éthique et écologique

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A l'heure de la transition écologiquedossier
Incarnation du débat sur l’impact du transport aérien, le terme désignant la honte de prendre l’avion a entraîné un changement des mentalités dans le royaume scandinave.
A l'aéroport Arlanda de Stockholm, en juillet 2022. (AFP)
par Nicolas Lee, correspondant à Stockholm
publié le 8 mai 2024 à 8h32

On vante la Suède comme le pays à avoir inventé un mot pour décrire la honte de prendre l’avion : le «flygskam». Un néologisme devenu viral avec les débats sur la réduction de l’aviation civile du royaume scandinave vers l’international. Pourtant, ce terme est un faux ami des militants écologistes du pays. C’est aux éditorialistes suédois opposés à ces derniers à qui l’on doit l’invention de ce concept. «L’objectif de ce mot à la connotation très négative était de remettre en question les activistes climatiques qui feraient culpabiliser les voyageurs en avion, explique Maria Wolrath Söderberg, chercheuse en rhétorique à l’université de Södertörn. C’est plutôt l’inverse que nous avons constaté. Les personnes que nous avons interrogées expriment surtout la fierté de contribuer à la réduction des émissions de carbone.»

«Le voyage était très valorisé»

Avant les grandes mobilisations pour le climat, incarnées notamment par la lycéenne Greta Thunberg, «le voyage était très valorisé en Suède. Partir loin était un signe de réussite sociale, d’ouverture aux autres cultures. On pouvait donc être écologiste, faire le tri et aimer les forêts du pays sans pour autant arrêter de prendre l’avion», détaille la chercheuse. Désormais, à la pause traditionnelle du «fika» (pause-café agrémentée de pâtisserie), les Suédois hésitent