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Libé des écrivains

J’adorais partir en colo pour pouvoir me réinventer une vie, par Colombe Boncenne

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Avec la mise en place par le gouvernement d’un «pass colo» pour les enfants de 11 ans, annoncé ce jeudi 11 avril, l’écrivaine Colombe Boncenne se souvient de ses propres séjours, et d’une amitié perdue puis retrouvée.
«Je ne suis plus celle-ci, je deviens celle-là : une fille à la fois hautaine et accessible, cool et stylée.» (Philippe Huguen/AFP)
par Colombe Boncenne, écrivaine
publié le 11 avril 2024 à 20h14

A l’occasion du Festival du livre de Paris les 12, 13 et 14 avril, nos journalistes cèdent la place à des autrices et auteurs pour un numéro exceptionnel et un supplément de huit pages spécial Québec. Hervé Le Tellier et Dany Laferrière sont les rédacteurs en chef de cette 17e édition du Libé des écrivains. Retrouvez tous les articles ici.

Grâce au comité d’entreprise du groupe éditorial où travaille ma mère, je pars en colonie de vacances deux à trois fois par an de mes 6 à mes 14 ans environ, avec d’autres enfants qui vivent principalement en banlieue. Je vis pour ma part à Paris dans le XVIII arrondissement. Pas d’Instagram ou de TikTok à l’époque, aucune chance que nous nous connaissions. Outre les rigolades et les expériences en pagaille, qu’elles soient culturelles, sportives ou sentimentales (et tout est peut-être ici synonyme), j’adore partir en colo pour pouvoir me réinventer à chaque fois une vie.

Je suis une enfant, et encore plus une jeune adolescente, triste et pleine de complexes. J’ai l’impression de traîner mes empêchements partout avec moi. Tout le monde les sait, les voit, les désigne même. Alors dès le quai de la gare où les animateurs des séjours nous accueillent, je change d’identité. Je ne suis plus celle-ci, je deviens celle-là : une fille à la fois hautaine et accessible, cool et stylée. L’été de mes 13 ans, je choisis le séjour corse. J’ai un short en jean e