«Je n’oublierais jamais ce séjour à la montagne. La première fois que je suis allée au ski, c’était pendant une classe de neige en CM2. Dans ma famille, on ne va pas au ski et j’avais adoré cette expérience. Un an plus tard, mes parents m’ont envoyé en colonie. Ils voulaient me faire plaisir. Je ne suis pas baptisée mais j’ai fait toute ma scolarité dans des écoles cathos. Cette colonie était elle-même catholique. Ma mère pensait bien faire. Elle me disait que c’était fabuleux, que je serais avec des gens de bonne éducation, qui partent skier dans les Alpes. Elle nous a envoyé mon frère qui était au lycée, ma sœur qui a un an de plus que moi et moi. J’étais en 6e.

«A notre arrivée à la colo, ils ont fait des groupes de niveau. Avec ma sœur, on était très proches, on ne se quittait jamais. Elle était aussi nulle que moi. On a été placée toutes les deux chez les débutants avec une jeune prof, ou plutôt une monitrice, qui devait avoir 16 ans. Elle avait un profil de cheffe scout. Elle nous a embarqués faire du hors-piste dès le premier jour. Avec le recul, je me dis qu’elle était folle. Je n’arrêtais pas de déchausser. Quand je lui ai fait remarquer, elle m’a répondu en gros : «Tais toi, te plains pas, continue.» Evidemment, ce qui devait arriver arriva : mon ski droit s’est planté dans la neige, j’ai fait un soleil autour et je suis tombée au sol. J’ai senti que je m’étais arraché le genou. Je suis retombée dans la poudreuse. Tout le monde était hyper loin en bas de la p