S’imaginaient-ils, en traversant les steppes afghanes en auto-stop après avoir largué leur minivan, que leur périple deviendrait la première pierre d’un empire du tourisme mondialisé ? Il y a cinquante ans, en décembre 1972, en arrivant en Australie au terme de neuf mois de pérégrinations dans le Sud-Est asiatique avec pour point de départ l’Angleterre, Maureen et Tony Wheeler avaient en tout cas des souvenirs à revendre – mais moins d’un dollar en poche. Les jeunes mariés britannico-australiens en goguette, tendance baba cool, étaient aussi assaillis par les interrogations curieuses de leurs amis.
Ainsi naquit quelques mois plus tard sur un coin de table, Across Asia on the Cheap (A travers l’Asie à bon marché, en français), guide artisanal à la couverture jaune, le tout premier de la maison d’édition Lonely Planet. «Maureen avait pris des notes dans un carnet tout au long du voyage et ils se sont aperçus que rien n’existait de ce genre, raconte à Libération le directeur des éditions françaises, Didier Férat. Ils ont donc auto-édité ce petit carnet et c’est devenu un best-seller local.»
L’ouvrage, d’abord vendu à Sydney puis sur l’île entière, s’écoule à un peu plus de 8 000 exemplaires en 1973. Un second voyage du couple de backpackers inspire deux ans plus tard un nouvel opus, écrit à Singapour et toujours réédité : Southeast Asia on a Shoestring («l’Asie du Sud-Est à petit budget»).
Installées à Melbourne, les éditions Lonely