Depuis 2018, Clélia Compas, doctorante en études migratoires, 28 ans, ne cesse de penser à tous ces réfugiés qui risquent leur vie – et parfois la perdent – en traversant les Alpes. «On voulait faire découvrir nos montagnes à ces arrivants, souvent très déprimés, leur proposer des sorties pour qu’ils puissent penser à autre chose», détaille Clélia. «Ils vivent dans des foyers d’accueil, à quatre par chambre. On a le même âge qu’eux, il nous fallait tisser du lien social. On a commencé à effectuer des randonnées.»
Ils se sont donc rendus à Chamonix grimper l’aiguillette des Houches, et au passage, ont admiré le Mont Blanc. Ce sommet les intriguait. Ils ont demandé à Clélia s’ils pourraient un jour y aller. Elle s’est dit pourquoi pas ? «C’est un bel objectif pour eux, une raison de plus de se lever le matin.» En tant que demandeurs d’asile, ils mettront trois ans pour obtenir leurs droits. Pendant ce temps-là, ils n’ont pas le droit de travailler, pas plus que de passer le permis.
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«C’est une attente absolue, commente Clélia. On voulait leur redonner de la fierté. Ce sont les premiers à tenter l’ascension.» Ils seront finalement cinq à se lancer dans l’aventure. Trois Afghans, un Malien, une Ukrainienne. «Leur comportement a évolué depuis le début du projet, dit Clélia. Ils sont plus heureux, ont les traits moins tirés. Il y a une symbolique avec ce Mont-Blanc. D’abord, la difficulté de l’ascension et de l’intégration dans une société