Il paraît que c’est fréquent, et très répandu. Que ça a même un nom : la maladie des loisirs. Sitôt en vacances, les gens porteurs de ce trouble chronique se mettent à tousser, à se gratter, à se sentir vaguement mal, voire à ramper jusqu’à leur lit dans un râle d’agonie. Une collègue nous mentionne un bouton de fièvre qui point dès la première RTT posée, d’autres des angines ou des hernies discales. En ce qui concerne notre petite personne, congés payés ont longtemps rimé avec migraine carabinée. Enfermée dans une chambre tandis que les autres rigolaient autour d’une table garnie des délices de l’été, leurs rires me parvenaient de loin, comme une douce torture.
D’autres séjours se sont accompagnés d’incalculables quintes de toux et de nez qui coulent mais aussi de maux de ventre et autres désagréments que la bienséance m’oblige à garder sous silence. A chaque fois, la maladie surgissait au moment le plus insouciant. Au plus fort de ces instants heureux, je ressentais la douleur comme une malédiction, comme si quelqu’un, quelque part, refusait que je m’adonne à la langueur, que j’y aie droit.
Si ces désagréments sont vécus comme insoutenables pour la personne concernée (sans oublier la frustration qu’elle entraîne – «Si j’avais su que je passerais mon été aux toilettes, je n’aurais pas loué ce chalet sans eau courante au milieu de la toundra»), les proches, eux-mêmes épuisés, y voient parfois une stratégie de fuite pour éviter les randos en milieux hostiles ou les ateli