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Reportage

Trisomie 21 : une ancienne gare devenue restaurant pour changer les regards

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Le handicap au quotidiendossier
Depuis 2023, la gare désaffectée de Niolon, calanque au nord-ouest de Marseille, s’est transformée en auberge tenue par des personnes porteuses de handicap mental. Un projet ambitieux imaginé par des parents désireux d’offrir des perspectives professionnelles intéressantes à leurs enfants.
Dylan et Adeline en salle. L’idée, ici, est de pouvoir former chaque employé afin que celui-ci cède sa place à d’autres. (Patrick Gherdoussi/Libération)
par Emilie Laystary et photo Patrick Gherdoussi
publié le 4 septembre 2024 à 18h35

En ouvrant les yeux ce matin-là, on s’aperçoit avoir été tirée de notre sommeil par deux événements concomitants : le sifflement du premier train à s’arrêter et l’arrivée du soleil dans les persiennes. Chose peu commune, on vient de passer la nuit dans une gare. Plus précisément, dans un lit douillet installé au dernier étage de l’ancienne station de Niolon, sur la bien nommée Côte Bleue, au nord de Marseille. Si les trains s’y arrêtent toujours, les locaux de la SNCF étaient longtemps restés inoccupés. Depuis 2023, ils vivent leur seconde vie : ils sont devenus le Train Inc Café, une auberge en milieu rural proposant restauration et chambres d’hôtes. Porté par le collectif T’Cap 21, qui réunit des parents de personnes atteintes de trisomie 21, le tiers-lieu est une entreprise adaptée qui forme et emploie des personnes en situation de handicap mental.

C’est l’heure du petit déjeuner et on s’installe à l’extérieur, près du potager en permaculture qui jouxte la bâtisse. On y fait la rencontre d’Ilian, 22 ans, qui nous apporte des viennoiseries, tartines et cafés posés sur un grand plateau. «Ah mais j’ai oublié la confiture !» s’exclame-t-il en balayant des yeux la table, avant de tourner les talons, pressé d’aller corriger son erreur. On aperçoit au loin le jeune homme, comme un poisson dans l’eau, parcourir l’auberge à grandes enjambées, entre le jardin de 500m² et la salle donnant sur le quai de la gare. En cuisine, ce sont aujourd’hui Youssef et Najoa Boughanemi, ses