Enfin une bonne nouvelle. Tandis que, partout dans le monde, des peuples se lèvent pour lutter contre les autoritarismes et autres fascismes triomphants, un homme va peut-être tous nous sauver : James Norbury. Vous ne le connaissez pas encore et pourtant son rôle est primordial. Accompagné d’un ami, il s’est mis en tête d’arriver à détruire l’«anneau unique». Privées de leur artefact le plus puissant, les forces du mal devraient rapidement voir leur pouvoir décroitre et la Terre connaîtra à nouveau la paix et la prospérité. Les peuples vivront en harmonie et nos temps troubles ne Sauron bientôt plus qu’un lointain souvenir.
En tout cas, on ne peut s’empêcher d’espérer une telle issue, en suivant chaque jour la quête de James Norbury. Cet influenceur néo-zélandais, suivi par près de 577 000 personnes sur Instagram, a décidé d’endosser le destin de Frodon Sacquet. Vêtu de frusques de hobbits et pieds nus, il parcourt depuis presque trois semaines la Nouvelle-Zélande, pays où la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson a été tournée, adaptation des romans de J. R. R. Tolkien. Parti du plateau de tournage de Hobbiton, il se dirige vers le parc national de Tongariro, à 400 km, où se trouvent plusieurs volcans dont le mont Ngauruhoe, surnommé le mont Destin, où ont été forgés les «anneaux de pouvoir».
Selon ses vidéos, il devrait arriver incessamment à la fin de sa quête. Sur le chemin, portant l’anneau comme il se doit autour du cou, le voyageur ressemblant plutôt à Boromir qu’à Frodon, a descendu des rivières en canoë, escaladé des montagnes et croisé quelques célèbres lieux de la quête originelle. On pourrait presque imaginer voir des elfes, quelques Ents, mais aussi Aragorn ou Faramir, avant que la réalité ne vienne se rappeler à nous. Lorsque l’on voit un peu trop sa perche à GoPro ou qu’il oublie un matin l’«anneau unique» sur sa table de chevet… Un local lui rapporte alors en pick-up.
Refaire le parcours d’un livre, d’un film ou d’un personnage célèbre n’a rien d’exceptionnel. «Sur les traces de» est un genre en soi de littérature de voyage. James Norbury y ajoute le charme du cosplay et un discours célébrant la nature (en espérant que cela ne pousse pas trop de gens à prendre l’avion pour aller sur l’archipel du Pacifique). Au moment où la droite libertarienne techno-solutionniste et climatosceptique gravitant autour de Trump, comme le milliardaire Peter Thiel, s’est approprié et adore faire référence au Seigneur des Anneaux, la quête de notre Frodon musclé est aussi un rappel que le film et l’ouvrage sont un voyage pour défendre la paix, l’harmonie avec tous les vivants et le respect de l’environnement. Et s’il ne sauvera peut-être pas la planète, au moins, pour quelques jours encore, il permet d’avoir un anneau pour nous faire rêver tous.