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Libération
Reportage

«Un Paris qui ne ressemble pas à “Emily in Paris” ni à “Amélie Poulain”» : dans la capitale, les visites guidées se politisent

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Depuis quelques années dans la capitale, des guides proposent une offre basée sur la visibilisation des personnes noires, queers et féministes. Assumant de parler depuis leur point de vue singulier et avec un ton plus militant.
Lors d’une visite du Paris noir organisé par Kévi Donat, le 26 juillet 2025. (Henrike Stahl/Libération)
publié aujourd'hui à 8h22

Devant les marches de l’Assemblée nationale qu’une artiste a repeintes aux couleurs de l’arc-en-ciel, une vingtaine de personnes écoutent religieusement leur guide. Tablette à la main et casquette sur la tête, ce dernier n’est pas là pour parler de l’architecture du Palais-Bourbon ou de la colonnade érigée sous Napoléon, mais de l’un des quatre illustres personnages de pierre qui en gardent l’entrée. En l’occurrence Jean-Baptiste Colbert, contrôleur général des finances sous Louis XIV et auteur du Code noir, texte régissant l’esclavage, qui a «introduit pour la première fois dans la loi française l’idée d’une hiérarchie raciale». Bienvenue dans «un Paris qui ne ressemble pas à Emily in Paris, ni à Amélie Poulain».

Kévi Donat organise des visites du Paris noir depuis 2013. Né et élevé en Martinique, le jeune homme est devenu guide touristique dans la capitale un peu par hasard, dans un moment de flottement après ses études de sciences politiques à Rennes. Il a passé deux ans dans le moule, à faire des «visites très classiques». A l’époque, «je ne parlais pas de race», blague-t-il devant le groupe, «je n’étais pas là pour mettr