Philosophie politique
Harvey C. Mansfield Jr, LE PRINCE APPRIVOISÉ DE L'AMBIVALENCE DU POUVOIR, traduit de l'américain par Pierre-Emmanuel Dauzat, «L'esprit de la cité», Fayard, 414 pp., 195 F.
ue ce soit en politique ou dans les affaires, l'exécutif moderne éprouve une vague mais malaisée parenté avec Machiavel», une paternité quelque peu honteuse, difficile à assumer. La raison en est probablement que «le mariage de la liberté et de la force» n'est pas simple, selon Harvey C. Mansfield Jr., qui a consacré le Prince apprivoisé à retracer la généalogie du pouvoir exécutif. Et d'abord sa nature, car si tout le monde s'accorde, selon ce professeur de philosophie politique à l'université de Harvard, à considérer le pouvoir exécutif comme «un pouvoir qui s'exerce au nom de quelqu'un ou d'autre chose: de Dieu, du peuple ou de la loi», on oublie souvent que l'exécutif demeure maître de l'action, ce qui le rend à la fois faible et fort. Faible parce qu'il n'est pas la source de son propre pouvoir; fort parce que la décision sur ce qu'il doit faire lui revient.
Il faut comprendre l'ambivalence de l'exécutif, «moins comme l'incarnation de deux conceptions rivales, contraires, que comme deux phases ou deux aspects d'une seule et même chose». C'est justement pour explorer, pour expliquer la permanence actuelle de cette ambivalence, que Mansfield produit une trajectoire historique des plus complètes du concept d'exécutif, d'Aristote aux pères fondateurs de la République américaine. Les Gr