Psychanalyste, éditeur, traducteur de Freud, auteur de plusieurs
recueils d'articles et d'un roman, Jean-Bertrand Pontalis est à la tête, chez Gallimard, d'une sorte d'empire où se réalisent bien des ambitions du freudisme à la française. Après un an de réflexion, il vient de suspendre la parution de la Nouvelle Revue de psychanalyse, qu'il a créée en 1970 et pour laquelle il n'a pas trouvé de successeur. Au départ composée de membres de l'Association psychanalytique de France, la revue s'était ensuite ouverte à des écrivains et des philosophes, parmi lesquels Jean Starobinski et Jean Pouillon.
Depuis le premier numéro, Incidences de la psychanalyse, qui récusait aussi bien l'impérialisme freudien que sa limitation à l'espace de la cure, jusqu'au dernier, l'Inachèvement, où sont revendiqués les principes d'une théorisation sans système et d'une pensée toujours inachevée à force de mouvement, la revue s'était imposée par son conservatisme éclairé sans jamais céder à ce fanatisme et à ce culte des extrêmes si caractéristique de la situation française de la psychanalyse. D'où cette absence de désir qui la conduit à «s'évanouir» de façon «postmoderne», plutôt qu'à relancer le goût d'une passion ou d'un engagement. La revue est à l'image de son fondateur, humaniste de la gauche modérée qui sut rompre avec les exigences jugées trop tyranniques de ses deux principaux maîtres: Jacques Lacan et Jean-Paul Sartre.
Né en 1924, Jean-Bertrand Lefebvre-Pontalis, «Jibé» pour les amis, est issu