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Libération

L'envol des signes : ""L'ART CALLIGRAPHIQUE DE L'ISLAM"", "" AUX SOURCES DE L'ORIENT MUSULMAN""

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publié le 29 décembre 1994 à 23h17

Abdelkébir Khatibi, Mohamed Sijilmassi,L'ART CALLIGRAPHIQUE DE

L'ISLAM. Gallimard, 239 pp., 450 F.

Annemarie Schimmel, AUX SOURCES DE L'ORIENT MUSULMAN. Maisonneuve & Larose, 167 pp, prix non indiqué.

Au siècle dernier, pour manifester leurs craintes face à l'introduction de l'imprimerie, les calligraphes d'Istanbul sont descendus dans la rue, leurs roseaux et leurs encriers dans un... cercueil! Avaient-ils oublié qu'à l'image d'Allah, la calligraphie islamique est éternelle? Car l'imprimerie n'a pas réussi à signer l'acte de décès de la calligraphie, elle en a seulement déplacé la pratique vers d'autres champs, notamment vers la peinture. Le livre d'Abdelkébir Khatibi et Mohamed Sijilmassi, version augmentée d'un précédent travail paru en 1976, accompagne cette idée de l'Eternel qui habite le signe dans ses multiples formes, styles et mouvements, pour conclure à une célébration par la calligraphie du Même et de l'Un. Les lettres qui émigrent du livre, le Coran, vers l'arabesque, le tapis, l'enluminure, l'architecture, etc., en dépit de leurs bifurcations, des chevauchements, des dédoublements, célèbrent toujours en fin de parcours le divin invisible. «Dans ce voyage de célébration, le monde livre l'âme du croyant à l'angoisse du visible.» Selon les auteurs, la calligraphie définie par les Arabes comme une «géométrie de l'âme» n'est ni un reliquat de l'âge d'or, ni une compensation de l'interdit jeté par l'islam sur la figuration du visage divin et humain, mais bel et bien «un