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La scène primitive : "" LA FORTUNE DES PRIMITIFS. DE VASARI AUX NÉO-CLASSIQUES""

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publié le 29 décembre 1994 à 23h17

Giovanni Previtali, LA FORTUNE DES PRIMITIFS. DE VASARI AUX

NÉO-CLASSIQUES, préface d'Enrico Castelnuovo, traduction de Nadia Di Mascio. Gérard Monfort éditeur, 228 pp. illustrées en noir blanc.

La gloire de Raphaël ne connut jamais de défaillance. Celle des peintres qui l'ont précédé, désignés sous le vocable de «primitifs» ­ les Giotto, Cavallini, Masaccio, etc. ­, n'éclôt pleinement qu'au cours du XVIIIe siècle. Pour Giovanni Previtali (1935-1988), cette redécouverte doit être étudiée à la lumière de deux facteurs: les développements de l'érudition locale et de l'érudition historique.

Depuis Vasari, l'historiographie italienne de l'art est en effet dominée par les concepts «très vivaces (aussi) dans l'Italie du XVIIe siècle: l'amour de la patrie et l'éthique nobiliaire». Le premier explique que le chauvinisme a effectivement orienté toute l'histoire de l'art d'obédience vasarienne jusqu'au XIXe. Et ce sont les savants locaux soucieux d'asseoir la suprématie de leur ville ou de leur province sur «l'ancienneté associée à la vertu» qui inspectent le patrimoine pour extraire les preuves de cette prééminence. Ainsi, un Della Valle s'élève contre la domination de l'historiogra- phie de l'art depuis le XIVe siècle par les Florentins et procède à la réévaluation de l'art siennois et pisan.

Quant à l'érudition sacrée, fondée dans la seconde moitié du XVIe siècle dans le climat de la Contre-Réforme, active surtout jusqu'à l'orée du XVIIIe, elle considère les primitifs à l'égal des écri