Henri Ghéon, LA VIEILLE DAME DES RUES. Flammarion, 283 pp, 95 F.
HENRI GHÉON, D'UNE SCÈNE À L'AUTRE, exposition jusqu'au 2 janvier, Bibliothèque nationale, 58, rue de Richelieu, Paris 2e.
Qu'est-il arrivé à Henri Ghéon? Toutes les fées, de Mallarmé à Francis Jammes, s'étaient penchées sur ses balbutiements de poète; il avait trouvé un mentor attentif en la personne de Gide qui allait l'associer à la fondation de la Nouvelle Revue française, et faire de lui le confident et le complice de ses aventures exotico-pédérastiques... Soudain, dans la tourmente de 14-18 et sous l'influence d'un compagnon de combat (qui, par un caprice du hasard, lui a été recommandé par Gide), Ghéon revient au catholicisme, délaissé depuis son enfance, et entreprend de ne plus vouer son oeuvre qu'au service de la foi: il en naît une multitude de pieuses évocations théâtrales, comme le Noël sur la place ou le Pauvre sous l'escalier, monté en 1921 par Copeau (qui, bien qu'en passe lui-même de se convertir, ne se passionne guère pour la pièce, qualifiée de «nulle» dans son Journal...). Il en naît aussi, fatalement, une certaine prise de distance avec Gide et avec le groupe de la NRF; Ghéon la compensera en s'agrégeant non sans réticences à la famille maurrassienne... Il n'en restera pas moins marginalisé, poursuivant à contre-courant son oeuvre de résurrection du mystère médiéval, qui lui vaudra quelques succès éphémères et un durable purgatoire.
La clé de cet étrange cheminement, il faut peut-être l