Une étude sur la IIIe, «la plus longue des Républiques, 1870-1940»,
née sous les «Jules», à la fois consolidée et fragilisée par la guerre de 14 et finalement exécutée par Vichy.
Jean-Yves Mollier et Jocelyne George, LA PLUS LONGUE DES RÉPUBLIQUES, 1870-1940. Fayard, 872 pp., 240 F.
L'historien est périodiquement saisi du besoin d'établir haltes, bilans ou synthèses provisoires. Vraie pour l'ensemble des périodes historiques, la remarque vaut bien sûr davantage pour celles qui, comme la IIIe République de France (plus de trois mille cinq cents études publiées, selon la Bibliographie de l'histoire de France), suscitent la ferveur des chercheurs. On saura donc d'autant plus gré à Jocelyne George et à Jean-Yves Mollier de risquer ici ce délicat exercice, que la dernière synthèse conséquente consacrée à ces années 1870-1940 (la Nouvelle Histoire de la France contemporaine, au Seuil) remonte à une bonne quinzaine d'années.
Sur l'orientation générale de ces soixante-dix années tumulteuses (l'histoire «de l'attachement d'un peuple à sa nation, identifiée à la République, puis celle de son dessaisissement à partir des années 30»), on ne trouvera guère ici de révélations fracassantes. Des «Jules», de la naissance heurtée du régime républicain entre 1870 et 1879, puis de son enracinement progressif jusqu'à son «exécution» au début de l'été 1940, le récit tisse la trame d'une histoire bien connue, modulée ici par les choix d'auteurs qui ne cachent pas leurs sympathies pour une République t