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Libération
Critique

A tort mais à raison. ""La Mésentente""

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publié le 12 janvier 1995 à 0h22

les gendarmes contiennent la foule après la catastrophe des mines de

courrières (pas-de-calais) en 1906.

C'est «la Mésentente» et non pas le consensus qui constitue la démocratie, depuis que, à Athènes, en se prétendant l'égal des riches, le peuple a inventé la politique. Par le philosophe Jacques Rancière.

Philosophie et politique Jacques Rancière, LA MESENTENTE. Galilée, 192 pp., 145 F.

Politique et philosophie est le sous-titre que Jacques Rancière a donné à la Mésentente, comme pour annoncer d'emblée que cette relation n'a jamais été pacifique, et aussi pour rappeler le paradoxe propre à ce professeur d'esthétique du département de philosophie de l'université Paris-VIII, qui depuis toujours s'essaie à une approche philosophique de la politique. De la Nuit des prolétaires (Fayard, 1981) jusqu'aux Mots de l'histoire (Seuil, 1992) et aujourd'hui à la Mésentente, quatre autres ouvrages ont été consacrés à cerner ce «bord du politique», le non-lieu où la démocratie prend corps et dont la saisie est avant tout une question d'aisthesis, de sensation, et donc, à la lettre, d'esthétique. La mésentente dont parle Rancière frappe certes le rapport entre la philosophie et la politique, rapport qui se pose dès le début comme alternative ­ ou la philosophie, ou la politique ­, ce qui rend intenable un intitulé comme celui de «philosophie politique». La mésentente est plus fondamentale encore, car elle indique une situation de parole non pas entre celui qui dit blanc et celui qui dit noi