Menu
Libération

""Cap Horn"": Coloane, Chili incarné.Francisco Coloane, CAP HORN, nouvelles traduites de l'espagnol par François Gaudry. Phébus, 182 pp., 118 F.

Article réservé aux abonnés
publié le 19 janvier 1995 à 0h09

L'enthousiasme critique et public qui accueillit la publication en

France de Tierra del Fuego l'an dernier fut si impressionnant, inattendu et unanime, qu'il parvint même aux antipodes: dans son numéro du 30 avril 1994, et sur trois pages de son supplément culturel, le vénérable Mercurio de Santiago du Chili s'esbaudissait sur le «succès fracassant des récits d'aventures de Francisco Coloane en France», allant même jusqu'à citer les critiques parisiens et les ventes (plus de vingt-cinq mille en quelques mois). La reconnaissance de Coloane et des journalistes chiliens envers le discernement des lecteurs français fait un peu mal au ventre et donne une mesure émouvante de leur insularité culturelle: ils devraient plutôt nous insulter d'avoir mis plus de cinquante ans à reconnaître un écrivain d'une telle stature. Le recueil Cap Horn est paru au Chili en 1941, et c'est d'ailleurs dans El Mercurio qu'est parue la nouvellle éponyme en 1937.

Chiens, chevaux, hommes On pourrait charitablement attribuer cet angle mort à son sujet au fait que Coloane, jusque vers les années 80, a toujours été publié chez lui en éditions pour adolescents ­ alors qu'il n'a véritablement écrit qu'un roman pour la jeunesse, le Dernier Mousse du Baquedano, que Phébus doit publier l'an prochain. Bien sûr, d'autres que lui ont subi le même sort; on a cité London et Stevenson, mais aucun d'eux n'écrit avec la même sauvagerie. C'est plutôt à un autre écrivain sud-américain qu'on songerait, lui aussi longtemps re