Entre la figure du cow-boy et celle du gaucho, les écrivains et les
cinéastes ont souvent choisi la première. Pourtant, l'histoire de l'Argentine au XIXe siècle n'a rien à envier à celle des Etats-Unis d'Amérique: le nouvel album de Pratt et Manara en est la preuve. El Gaucho débute dans les années 1880, au moment où les Argentins terminent la «pacification» de leur Sud, ces vastes pampas qui s'étendent de Buenos Aires jusqu'aux confins de la Patagonie. C'est l'époque de la fin des guerres indiennes. Des lignes de fortins définissent alors une frontière que quelques Indiens encore insoumis franchissent parfois pour enlever femmes blanches et bétail.
C'est dans la tolderia (1) du cacique Namuncura que débute El Gaucho, avec l'arrivée d'un détachement de l'armée argentine. Le capitaine Chiclana y découvre Paraun, un vieillard centenaire dont on apprend qu'il se nomme en fait Tom Browne et qu'il était tambour dans le 71e chasseur écossais lors de l'invasion anglaise du Rio de la Plata en 1806-1807. Ayant déserté la Royal Navy, Tom Browne a choisi de rester dans le cône sud, où il a été témoin depuis de tous les faits d'armes du XIXe siècle argentin.
Ce premier tome des aventures de El Gaucho, qui garde certainement en réserve un bon nombre d'épisodes pleins de bruit et de fureur, est consacré aux prémices de l'indépendance argentine. C'est le récit parallèle de la jeunesse de Tom Browne et de la naissance de la future république Argentine. Lorsque Tom Browne débarque dans le Rio