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Libération
Critique

Rome, bulles ouvertes

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publié le 26 janvier 1995 à 23h58

Rome, de notre correspondant

Plus cynique que Phil Marlowe, plus dur à cuire que Sam Spade, il affronte chaque jour l'horreur de la métropole, mais serial killers et sectes sataniques ne l'empêchent pas d'avoir des histoires torrides avec de plantureuses poupées: le «privé» Dylan Dog, dernier succès en date du fumetto, est devenu un mythe chez les jeunes Italiens. Chaque mois une histoire complète, 96 pages à 2 700 lires (9 francs environ), un million d'acheteurs, au moins trois fois autant de lecteurs. On se l'arrache dans les centres sociaux de Naples comme à Piazza Affari dans les rues huppées de Milan: les jeunes de la nouvelle droite national-berlusconienne ont Dylan Dog pour livre de chevet, les derniers graffiti de la contestation s'en inspirent. Qui plus est, Dylan Dog a conquis le public féminin, et, pour la première fois, la composition traditionnelle des lecteurs de BD à forte dominante masculine a changé. Oscar Cosulich, directeur de Comic Art et grand spécialiste du fumetto, avoue que les seules fois où les grands magazines féminins lui ont demandé une collaboration, c'était pour parler de Dylan Dog.

Tiziano Sclavi, père du détective et scénariste de toutes ses aventures, vit enfermé chez lui, dans un lieu gardé secret: il n'a jamais accordé d'interviews, il ne s'est jamais montré à la télévision. Et c'est sans doute pour cette raison qu'il est devenu, lui aussi, un mythe. Pour son éditeur Sergio Bonelli, le détective Dylan Dog n'est que le couronnement d'une lon