Jean-Marc Reiser est mort le 5 novembre 1983, d'un cancer des os, à
l'âge de 42 ans. Dix ans ont passé et, comme Coluche, Reiser manque. En guise d'anniversaire, Jean-Marc Parisis, né en 1962 cette année-là, Reiser fait son service en Allemagne et se marie , publie la première biographie consacrée au dessinateur. Dans un style parfois agaçant mais avec minutie et en situant toujours le contexte, l'auteur retrace l'itinéraire de son héros, né bâtard lorrain en pleine France occupée, fils de femme de ménage, et qui se demandera toute sa vie si son père était le mythique résistant que lui décrivait sa mère quand ça allait bien ou le soldat allemand dont elle le menaçait quand elle le traitait de «fils de Boche». D'un roman familial l'autre: l'enfance de Jean-Marc Reiser se déroule comme dans les feuilletons. Tout jeune, il monte à Paris dans les pauvres bagages de sa mère, qui fuit la rumeur du soldat allemand et erre bientôt de place en place et de meublé en meublé. A 15 ans, elle l'envoie au charbon. Adieu l'école et bonjour Monsieur Nicolas, le marchand de vins, dont l'adolescent devient l'un des coursiers, affecté à la succursale de Charenton.
Comment, alors, est venu le goût du dessin? Le biographe avance quelques explications: avec sa mère, Jean-Marc a vu et revu tous les Walt Disney. Au collège technique, ses caricatures de profs circulent sous les tables, et il est la bête noire de l'administration. Pourtant, il se passionne pour l'aérodynamique, «il travaillait les c