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Libération
Critique

Norwid, artiste et ouvrier. ""La Trilogie italienne""

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publié le 9 février 1995 à 1h20

Cyprian Kamil Norwid, TRILOGIE ITALIENNE, traduit du polonais par

Christophe Potocki, Agnieszka Grudzinska et Monique Jean. José Corti, «Collection romantique», 161 pp., 100 F.

Incompris par ses compatriotes qui le trouvaient excentrique et surtout obscur, inconnu en France où il a vécu longtemps, l'écrivain polonais Cyprian Kamil Norwid n'est sorti de l'ombre qu'après sa mort, pour devenir l'un de ces créateurs atypiques dont l'histoire littéraire fait des précurseurs. Ecrivain, philosophe et peintre, Norwid offre une version polonaise de l'artiste post-romantique. On a souvent comparé sa poésie à celle de Baudelaire et Mallarmé et sa prose à celle de Villiers de l'Isle-Adam ou Melville. Catholique romain, lecteur de Hegel, Norwid laisse une oeuvre qui détonne, traversée par une philosophie de l'histoire qui est à la fois une critique ironique de la modernité et une méditation réformatrice sur la société. Car c'est en artiste et en ouvrier que Norwid a traversé les révolutions et les mouvements de pensée du XIXe siècle. Il n'y avait pour lui aucune différence entre ces deux activités qu'il voulait réconcilier pour reconquérir une harmonie perdue. Dans le même esprit, il fut pacifiste et s'attaqua à toute forme de racisme. Sa devise était: «L'homme est né sur cette planète pour témoigner de la vérité.» L'écrivain, lui, n'a publié de son vivant qu'un recueil de poèmes choisis, passé inaperçu, laissant ainsi aux générations suivantes le soin de le découvrir.

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