Massimo Montanari,
LA FAIM ET L'ABONDANCE. HISTOIRE DE L'ALIMENTATION EN EUROPE, traduit de l'italien par Monique Aymard, préface de Jacques Le Goff. Seuil, 296 pp., 149 F.
Spécialiste de l'histoire de l'alimentation et de l'agriculture, Massimo Montanari est un médiéviste italien de 46 ans qui n'a pas peur d'affirmer que, du point de vue de sa spécialité, il ne se passe pas grand-chose de nouveau au Moyen Age. A lire la Faim et l'abondance qui paraît dans la collection «Faire l'Europe» de Jacques Le Goff , l'unification des coutumes alimentaires en Europe s'est faite bien avant, du Ve au VIe siècle après J.-C. Cette homologation avait débuté même plus tôt, au moment où les frontières entre le modèle alimentaire méditerranéen et celui du Nord celtique et germanique commencent à se déplacer, jusqu'à finir par s'annuler. Mais si Massimo Montanari en vient à «abolir» le Moyen Age avec une bonne conscience évidente, ce n'est pas pour s'adonner à des recherches transhistoriques, loin des archives et des documents. Bien au contraire, ce sont ces données documentaires qui ont fait de la Faim et l'abondance une fresque si originale mais aussi scientifiquement pertinente.
Huile d'olive et légumes Dans ce monde que Rome pourtant unifie sur le plan politique s'affrontent deux apréciations des «cultures». Pour les Romains (peu éloignés ici des Grecs), tout ce qui est «inculte» a un sens éminemment négatif, tandis que l'agriculture et l'arboriculture constituent les piliers de l'écon