Patricia Highsmith, SMALL G. UNE IDYLLE D'ÉTÉ, traduit de l'anglais
par Francois Rosso. Calmann-Lévy, 382 pp., 120 F. Chaînon longtemps perdu de l'oeuvre highsmithienne, les Eaux dérobées, roman paru en 1952 sous le pseudonyme de Claire Morgan puis réédité sous le nom de l'auteur en 1983, était aux dires de celle-ci «le premier roman homosexuel qui se terminait si bien». Dans la courageuse postface à l'édition française de ce livre, la réticente Patricia précisait encore que de nombreux correspondants la «remerciaient de montrer deux personnes du même sexe qui, amoureuses l'une de l'autre, réussissaient à survivre à l'épilogue, avec, en outre, l'espoir raisonnable d'un avenir heureux». Small g, le dernier roman de Highsmith, paru au lendemain de sa mort, s'annonce comme un écho ultime à ce cri déjà ancien d'une femme longtemps appliquée à oeuvrer dans ce qu'on est convenu d'appeler le «suspense psychologique», encore que, dans son cas, le terme de «roman du malaise» conviendrait mieux.
L'oeuvre de Patricia Highsmith restera exemplaire de la modestie opiniâtre d'un auteur ayant toujours refusé de céder à son pathos sans pour autant accepter le confort d'un genre le roman policier qu'elle utilisa de manière extrêmement retorse. De l'Inconnu du Nord-Express à Ripley entre deux eaux, son avant-dernier livre, elle avait malicieusement su garder intact le suspense concernant sa propre traversée des apparences. Au cours des rares entretiens qu'elle accordait, oscillant ent