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Libération
Critique

""Dans le jardin des aventuriers"" de Joseph Shieh et Marie Holzman

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publié le 23 février 1995 à 0h53

Chine

Joseph Shieh et Marie Holzman, DANS LE JARDIN DES AVENTURIERS. Seuil, 264 pp., 95 F.

Il est des cités qui se barbent et qui barberont jusqu'à la consommation des temps, et d'autres qui semblent décidées à toujours rester plus qu'à la hauteur de leur réputation, qui bambochent même en pleine pénurie historique. Ainsi de Shanghai, dont le livre-témoignage de Joseph Shieh nous invite à suivre la vie canaille et trépidante d'avant la Seconde Guerre mondiale, quand elle «offrait généreusement asile aux princes russes désargentés comme aux politiciens détrônés, aux commerçants juifs comme aux filles de joie de toutes les couleurs».

Avant d'être jeté dans un camp de «rééducation par le travail» pour vingt-cinq ans en 1951, ce Chinois peu commun, issu d'une famille chrétienne et dont le père avait occidentalisé le nom chinois de Xie en Shieh, aura connu la plupart des intrigues et des coups fourrés, mêlant factions politiques chinoises ennemies, colonisateurs occidentaux, petits et gros trafiquants, et plus généralement aventuriers de tout poil aimantés par ce port trépidant «où il semblait aussi nature de s'amuser que de respirer».

C'est en 1929 que Joseph Shieh débute sa carrière de policier dans la «concession internationale» de Shangai, toutes les grandes puissances occidentales rivalisant pour le contrôle de cette plaque tournante commerciale et s'entendant à dépecer bout par bout le corps pantelant de l'Empire du Milieu. Il travaille alors pour les Anglais, même si sa mère,