Philosophie
Emile Meyerson, DE L'EXPLICATION DANS LES SCIENCES. Fayard, «Corpus des oeuvres de philosophie en langue française», 986 pp., 390 F.
Le nom d'Emile Meyerson est enveloppé d'un mystère: quand il n'y aura plus aucun témoin vivant de la vie intellectuelle au début du siècle, qui pourra dire ce qu'ont été sa vie et son oeuvre, qui saura encore ce qu'ont été sa réputation scientifique, son autorité philosophique? Le nom d'Emile Meyerson est resté gravé dans une mémoire collective qui semble pourtant en peine de rassembler les titres de son oeuvre et de retracer les grandes étapes de sa vie. Son cas n'est sans doute pas le seul exemple d'amnésie de l'histoire intellectuelle occidentale, mais il est unique en son genre dans les annales de notre siècle. Lire (ou relire) l'oeuvre d'Emile Meyerson, né en 1859 dans la ville de Lublin en Pologne, mort à Paris en 1933, n'est plus guère possible qu'en bibliothèque. Son premier essai, Identité et réalité (1908), fut repris chez Vrin en 1951, mais ses derniers textes ne furent pas réédités après sa mort la Déduction relativiste (1925), et Du cheminement de la pensée (1931); quant à son maître-ouvrage, De l'explication dans les sciences, paru en 1921, il connut un succès assez grand, mais aussi bref, pour seulement reparaître chez Payot en 1927.
Aujourd'hui, la collection fondée par Michel Serres chez Fayard, le «Corpus des oeuvres de philosophie en langue française», peut se flatter d'avoir littéralement exhumé ce «pavé philosoph