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Libération
Critique

""L'homme dont le monde volait en éclats"" d' Alexandre Luria

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publié le 23 février 1995 à 0h53

Alexandre Luria, L'HOMME DONT LE MONDE VOLAIT EN ECLATS, traduit du

russe par Fabienne Mariengof et Nina Rausch de Traubenberg (avec la collaboration de Mme Chaverneff), préface d'Oliver Sacks. Seuil, «La couleur des idées», 310 pp., 140 F.

Alexandre Luria (1902-1977) a été «le neuropsychologue le plus important et le plus fécond de son temps», écrit Oliver Sacks (1) en préface au livre de ce savant russe hors norme que vient de publier le Seuil. Ce livre en contient en réalité deux: L'homme dont le monde volait en éclats, qui donne le titre à l'ensemble, et Une prodigieuse mémoire. Parus séparément, ces deux «romans neurologiques» devaient fonctionner comme les premiers jalons de cette «science romantique» que Luria a poursuivie sa vie durant, mais dont il a démontré la puissance opératoire dans ces ouvrages. Car la tâche de Luria, rappelle Oliver Sacks, a été elle-même double. Il est d'autant plus à l'aise dans l'exploration de ces nouveaux horizons qu'il a poussé la psychologie classique jusqu'à ses extrêmes limites, pour parvenir à «une neuropsychologie en tant que nouvelle science analytique» ­ effort dont témoignent plus de trois cents articles et une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels Fonctions corticales supérieures de l'homme et l'Itinéraire d'un psychologue.

Un monde en débris Zassetski est le nom de L'homme dont le monde volait en éclats. Il a été grièvement blessé à la tête en mars 1943, par les éclats d'un obus, sur le front occidental de l'armée soviétique. Ale